Abdication du roi Juan Carlos, un article de Jean Ortiz

Publié le par ASEREF

Putsch en Espagne

Un chef d'Etat (car le roi est en Espagne chef de l'Etat) va être désigné sans passer par les urnes!! Nous écrivons depuis des mois que la monarchie espagnole vacille, qu'elle est corrompue, illégitime, que pour la première fois dans un sondage (janvier 2014) elle est passée en dessous de la barre des 50% de sympathie, que tout l'édifice de la "transition modélique" est en crise... Et dire qu'on nous les présentaient comme "immaculées"! Le PP et le PSOE sont en Espagne plus monarchistes que le roi!!

Comme le demandaient plus de 60% des Espagnols, y compris de nombreux secteurs de droite, le roi vient d'abdiquer et de désigner "du doigt", suivant des privilèges héréditaires et totalitaires, en faveur de son fils, le Bourbon Philippe VI, frère d'une Infante mise en examen pour corruption et abus de biens sociaux.

Le roi Juan Carlos demanda jadis à Hugo Chavez de "se taire". Aujourd'hui, c'est lui, créature de Franco, qui devrait "se taire". Il revient aux Espagnols désormais de choisir, par référendum, entre République et monarchie. Tout autre fonctionnement relèverait d'un néo-franquisme insupportable. On sait que le roi verrouilla le système pour garantir l'impunité de la dictature, de ses crimes contre l'Humanité, pour protéger le capitalisme espagnol, et qu'il est depuis toujours "l'homme de Washington".

Discrédité par les scandales dans lesquels on l'a dit compromis, il vient d'abdiquer, prenant les devants par rapport à une opinion publique qui se républicanise. Ceci dit, il n'est plus "inviolable" comme le stipule la constitution à propos du monarque. Il doit donc relever de la justice ordinaire et être traduit devant les tribunaux, comme un citoyen parmi d'autres.

Si un nouveau roi devait succéder à Juan Carlos, cela relèverait du putsch.

Jean Ortiz, universitaire, Pau (France)

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article